Erige Sehiri est une réalisatrice et productrice franco-tunisienne. Avec sa société de production, HENIA, elle développe des documentaires d'auteur, récompensés notamment à Visions du Réel, l'IDFA, Cinémed...
En 2018, son premier long-métrage documentaire, LA VOIE NORMALE, est resté à l'affiche durant six semaines dans les cinémas tunisiens. En 2021, elle écrit, tourne et produit son premier long-métrage de fiction, SOUS LES FIGUES, et remporte plusieurs prix de post-production à la Mostra de Venise (Final Cut in Venice). Elle est ensuite sélectionnée pour la 54e Quinzaine des Réalisateurs à Cannes 2022.
Après la révolution tunisienne de 2011, 4 cheminots sont affectés à la ligne N ° 1. Ils la surnomment «La Voie Normale» car c’est c’est la première voie ferrée du pays et la seule construite selon les normes internationales. C’est aussi la plus délaissée du réseau, et rien ne s’y passe jamais comme prévu. Fils et petit fils de cheminot, AHMED (34) s’est résolu sur le tard à entrer à la SNCFT. Les mains dans la machine, avec les moyens du bord, il apprend son métier sur le tas aux côtés des conducteurs de train.FITATI (39 ans), l’un d’entre eux, documente depuis des années toutes les défaillances techniques du réseau ferroviaire et des trains, quitte à s’attirer les foudres de sa hiérarchie, qui lui refuse toujours sa titularisation, et à désespérer sa femme d’avoir un jour une vie “normale”.Traversant les paysages verdoyant du Nord, la vieille locomotive doit sans cesse être rafistolée. A ses commandes, les conducteurs trompent la peur chacun à leur manière. AHMED mesure chaque jour un peu plus la précarité des conditions dans lesquelles il doit assurer son poste. Trains de nuit, retards, gares sans chauffage même en hiver, sans compter les accidents meurtriers qu’aucun conducteur ne peut éviter : bien que la fierté de la corporation demeure, l’univers des cheminots de la Voie Normale est pour le moins rock’n roll. Non loin, Najib le chef de gare (45), s’accommodant silencieusement de son célibat, regarde le temps passer en aiguillant inlassablement les trains.Semblant le seul à refuser la fatalité, FITATI s’entête à rendre ses preuves publiques et attirer l’attention des medias sur les risques qu’encourent les usagers et les cheminots. Fitati est muté à la vente de tickets. Lorsque deux graves accidents de train surviennent, émouvant soudain l’opinion publique, les plateaux télés relaient désormais ses dénonciations. Mais trop tard : FITATi est renvoyé.Portrait croisé de cheminots tunisien, La Voie Normale est un road movie poétique et social sur le travail comme métaphore d’une société en mutation.
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